Unique par son histoire, ce château est à l’origine de la l’apogée de la famille Clermont. L’histoire du Château de Saint Geoire et de son village remonte au 11e siècle. C’est Sibaud 1er de Clermont qui le fit construire avec sa chapelle et ses murs d’enceinte. Le château de Saint Geoire jouera pendant plusieurs siècles le rôle principal dans le village et dans toute la région, servant de siège à la première Baronnie du Dauphiné.
Dès le XIe siècle, le Seigneur de Clermont et de Saint Geoire assure la protection d’un axe commercial et stratégique et la motte naturelle du château devient l’élément fort de l’organisation du village de Saint Geoire. Sibaud Ier Seigneur de Saint-Geoire et de Clermont avait domination sur huit châteaux au total (Saint-Geoire, Chirens, Montferrat, Vallières, Recoing, Chabons, Réaumont, Hautefort) mais seul le Château de Saint Geoire était le berceau de la famille de Clermont qui tenait le premier rang dans la noblesse dauphinoise, et occupa les postes les plus considérables dans l’armée, l’Eglise et la diplomatie.
Au XIIIe siècle, ses remparts entouraient tout le bourg et le four banal, toujours debout aujourd’hui, était chauffé chaque semaine pour cuire le pain des villageois.
Le Château de Saint Geoire était séparé du Bourg par une gorge étroite et profonde ou courrait un torrent dont les eaux passaient sous les roues des moulins, puis plus tard des turbines des industries.
Le Château de Saint Geoire s’élève sur un mamelon de moyenne hauteur et du haut de ses mille ans il domine le village depuis cette époque reculée.
Evidemment, en mille ans, ce château changea plusieurs fois d’aspect. Au XVe siècle, la famille de Clermont transforma le château médiéval en palais à l’italienne beaucoup plus confortable, propice aux fêtes et aux réceptions.
En 1590, une armée de 80 huguenots grenoblois armés d’arquebuses assaillent le château de Saint-Geoire qui subira de gros dégâts. Il fut saccagé par les protestants au XVIe siècle et détruit à la révolution par les jacobins en 1793.
Le premier et plus ancien château du village eut donc plusieurs histoires et propriétaires. La famille Clermont le garda jusqu’au 17e siècle. Au 18e siècle il passa à la famille De Lannion.
De 1820 à 1830 on en démolit la plus grande partie et l’on vendit à des maçons du pays les plus beaux matériaux, que l’on reconnaît aujourd’hui dans les murs de la plupart des maisons du village.
En 1830 La Marquise Louise Elisabeth de Tourzel, dernière préceptrice des enfants de Louis XVI, reconstruit la Chapelle et sa toiture, et donne ainsi le départ des travaux de reconstruction du Château.
En 1846, il fut racheté par Alexandre Michal-Ladichère, sénateur de l’Isère qui fit réparer en partie les bâtiments les moins endommagés et enlever les gravats et décombres accumulés par la rage des partisans, l’abandon et la négligence des précédents propriétaires.
M. Ladichère y découvrit des fragments de sculptures, des pierres armoriées et d’autres morceaux artistiques qui sont encore conservés au château.
La chapelle du château (première chapelle du village) qui remonte au moyen âge, ne possède plus aucune peinture à la fresque, ni mobilier, seule ses façades sont intactes bien que rénovées plusieurs fois.
Le Baron Raverat, militaire célèbre par ses faits de guerre et ses écrits, raconte que lors de sa visite au château, les planchers étaient effondrés, les toits absents, les fenêtres ouvertes, et malgré le sentiment de pitié à la vue du château démoli, un sentiment de curiosité et d’admiration se mêlaient devant les bâtiments somptueux. La salle d’archives était alors intacte et présentée des peintures mythologiques, des ornements de groupes d’amours et des devises symboliques dans le goût de la Renaissance. Les écussons de la famille Clermont aux clés dorées sont encore présents actuellement.
C’est le neveu de M. Ladichère qui finira la restauration du Château dans son aspect actuel.
Nous sommes au 19e siècle, les fabricants de soie de Lyon et les façonniers du Dauphiné se font construire ou rachètent les demeures aristocratiques pour afficher leur réussite.
Ainsi, André Michal-Ladichère, propriétaire des usines textiles du Val d’Ainan, n’hésite pas à restaurer à grands frais l’ancien château de la famille de Clermont, qui surplombe la commune de Saint-Geoire, confirmant ainsi sa position de châtelain local.
D’un amas de ruines, il fait un imposant édifice, en respectant l’original grâce aux archives retrouvées sur place, tout en y ajoutant un petit pavillon et une tourelle suspendue. Cette construction lui coûte sans doute des centaines de milliers de francs, mais peu lui importe. Le château sera reconstruit par les meilleurs artisans de la région avec des matériaux de grande qualité. Un soin particulier fut apporté pour la façade entièrement découpée et sculptée dans la pierre de tuf. Les sculpteurs ornèrent les fenêtres des symboles et légendes du moyen-age et de la renaissance. Une large avenue en pente douce donne accès à un vaste jardin autour duquel sont disposés les bâtiments. La tour octogonale remaniée à la Renaissance, à plusieurs étages, remarquable par sa noblesse et la pureté de ses lignes, abrite un escalier circulaire en granit qui dessert tous les étages. On y entre par une porte ouvragée et sculptée qui témoigne encore du talent de son menuisier créateur. La famille Michal-Ladichère mènera grand train de vie, recevant toute la bourgeoisie et gardera le château jusqu’à la seconde guerre mondiale. Puis la famille Chaurand Dubarle vend le château en 1951 au Comptoir d’Escompte de la Banque Nationale de Paris qui en fera une colonie de vacances. Pendant 60 ans des enfants de toute la France passeront leurs vacances dans ce lieu exceptionnel. La BNP transforme alors les jolies chambres en dortoirs et recouvre les décors et fresques de la Renaissance avec des peintures unies. Les dernières traces du faste d’antan s’effacent… En 2010, un départ de feu consuma une partie de la toiture qui fut reconstruite à l’identique. Cet incendie marqua la fin de la colonie. Puis pendant 10 ans, le château se tut et resta fermé attendant un repreneur.
Eté 2021, une nouvelle vie démarre pour le château de Saint Geoire… De nouveaux propriétaires annoncent une période de travaux pour rendre au Château son authenticité, son charme d’antan, un peu de sa splendeur et la place qu’il mérite dans le patrimoine du Dauphiné. Ainsi démarre le plus gros chantier de rénovation privé de l’Isère…
Juin 2023, après 2 ans de travaux, le château ouvre ses portes au public et propose des visites commentées, des chambres et des gîtes, des expositions d’artistes, des événements artistiques et culturels, des spectacles, la possibilité d’organiser des repas entre amis, des anniversaires ou des mariages, des séminaires, etc…